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NotaPublicado: 14 Sep 2008 10:54 
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Pasamos al segundo acto:


<center>[url=http://www.box.net/shared/ucs6rndlyc]C´est vers ton amour...
(Comienzo del segundo acto. Escena entre Don Quijote y Sancho, que discuten sobre Dulcinéa).[/url]

(Un lever d'aurore très rose dans la campagne.
Les buées enveloppent encore l'horizon.
Les moulins sont invisibles dans le brouillard.
Don Quichotte entre sur Rossinante, sa lance à l'arçon.
Il cherche des rimes pour des couplets en couplets
en l'honneur de Dulcinée. Sancho suant, soufflant,
conduit à la fois par la bride Rossinante et le Grison.)

DON QUICHOTTE
(chantant)
C'est vers ton amour...
(cherchant)
...ton amour... mour... jour!... nuit et jour...
(ravi, ayant trouvé)
Que je soupire nuit et jour!
(chantant)
Dulcinée!
(cherchant)
ma pensée?
(ayant trouvé)
Dame de ma pensée!
(fredonnant)
la, la, la!
La, la, la, la, la, la, la, la, la!
(chantant)
De toi mon âme est oppressée...
(cherchant)
oppressée?
(trouvant la rime)
Dulcinée!
(chantant)
Mais j'ai vu ton émoi...
(cherchant)
ton émoi? penses à moi?
(chantant; ayant trouvé)
Je sais que tu penses à moi!
(cherchant)
son émoi? à moi? à toi?
(ayant trouvé)
Je crois en toi!
(en extase)
Ah! ah!
(en accentuant les rimes; en les exagérant)
…ton émoi! penses à moi! je crois en toi!
(sifflant)
Je crois en toi!
Ma Dulcinée!
Je crois en toi! en toi! en toi! en toi!
(les yeux au ciel)
(Don Quichotte descend de cheval tout
en continuant son improvisation.
Sancho s'essuie le front
et va conduire les bêtes dans un fourré.)
...la, la, la!…la, la, la!
(seul)
... la, la, la!...la, la, la! la, la, la!…la, la, la!
la, la, la!…la, la, la! la, la, la!

SANCHO
(revenant, mécontent, exaspéré, interrompant les là!
là! de Don Quichotte)
Croyez-moi, Chevalier, nous nous sommes trompées,
Les ennemis qu'hier vous avez dissipés
En chargeant à grands cris de:
(en hurlant)
Vive Dulcinée!
Et: mort aux mécréants!
(riant)
Ah! ah! Ah! ah!
(légèrement)
C'était tout simplement la troupe combinée
De petits cochons noirs et de gros moutons blancs!

DON QUICHOTTE
(très calme, tout en tirant de sa poche de quoi écrire,
commence à noter une chanson d'amour)
Tes paroles me font sourire...

(Don Quichotte est de suite dans le feu de la composition.)

SANCHO
(avec pitié, levant les bras au ciel)
Enfin il est heureux... respectons son délire.
(Il pousse un cri, se tâtant l'échine.)
Aïe!
Pour peu qu'on marche encor, à la fin de l'été
Je lui rendrai des points pour la gracilité.
Tout se volatilise en moi, si cela dure...
(geignant et se contemplant avec douleur)
J'ai déjà resserré trois crans à ma ceinture!

DON QUICHOTTE
(ravi, composant)
La, la, la, la, la!
La, la, la, la, la!
La, la, la, la, la!
La, la, la, la,
La, la, la, la,
La, la, la,
La, la, la,
La, la, la,
La, la, la, la, la! La, la, la,

SANCHO
(subitement fou de rage en l'entendant chanter,
se frappe la tête avec son pain, saute en l'air,
montre les poings au ciel.)
Tra la la!Tra la la!
Tra la la! Tra la la!

DON QUICHOTTE
(surpris, le regarde avec stupeur)
Deviens-tu fou, Sancho?

SANCHO
(éclatant)
Oui!! Tout de mêmes être ici!
(il rage.)
Parce que Dona Dulcinée
Usant de son pouvoir...
(à part, en croquant rageusement dans son pain)
La coquine damnée!
(haut)
Vous a dit un beau soir:
(imitant une voix de femme)
Qu'il existait dans la Sierra voisine
Un bandit qui pille, assassine...
Mais... qui lui déroba tel bijou de valeur:
(avec sa voix naturelle; en colère)
Voilà que nous courons sus au hardi voleur!
Au voleur! au voleur!
Cette dame se rit de nous de nous deux,
de nous deux, mon bon maître.

DON QUICHOTTE
(avec sérénité)
Pour en parler ainsi, c'est ne pas la connaître...
C'est ignorer son coeur.

SANCHO
(haussant les épaules et levant les bras au ciel)
Au contraire, seigneur!

DON QUICHOTTE
(calme, doux, souriant)
Non, Sancho, tu m'amuses.

SANCHO
(dans une explosion de colère et d'indignation)
Les femmes, Chevalier, c'est tout mensonge et ruses!

DON QUICHOTTE
(bondissant indigné)
Quoi?

SANCHO
(cette fois, têtu comme une mule)
Oui.
(puis, se frottant les mains et clignant de l'oeil)
Ce qui m'enchante en notre beau métier
C'est que j'ai pu laisser au logis... ma moitié!
Ça me console, je le jure,
(se passant les mains sur les reins)
Quand je sens les nodosités
De mon asines que monture
M'entrer dans les... rotondités
Dont m'adoté Dame Nature.
(avec une indignation comique)
Comment peut-on...




[url=http://www.box.net/shared/42abe48ddk]Regarde! ... Quoi? Quoi?...
(Delirante final del segundo acto, con Ghiaurov y Bacquier en estado de gracia, graciosísimos, geniales).
Compositivamente, me parece una maravilla, una genialidad de Massenet.[/url]

DON QUICHOTTE
(désignant l'horizon)
Regarde!

SANCHO
(surautant, regardant autour de lui)
Quoi? quoi?

DON QUICHOTTE
(même attitude)
Homme de peu! regarde!

SANCHO
(ahuri)
Quoi? Mais quoi?

DON QUICHOTTE
(désignant le premier moulin)
Sancho! En garde! En garde!

SANCHO
(effaré)
En garde!!

DON QUICHOTTE
Vois… là-bas… se dresser dans le fond opalin ce terrible géant…

SANCHO
(ahuri)
Maître, c'est un moulin! un moulin!

DON QUICHOTTE
(transporté de noble impatience)
Rustre, c'est les Géants qui dans leur arrogance
Tentent de m'arrêter…
Folle est leur insolence,
Je vais les châtier!

SANCHO
(avec pitié)
O fatale démence!
Le pauvre recommence!

DON QUICHOTTE
(lançant le défi au premier moulin)
Géant, Géant, monstrueux cavalier,
Géant, Géant, monstrueux cavalier,
si votre coeur n'est pas cuirassé de vaillance,
Faîtes-nous place, ou bien à la dague, à la lance,
Je vous porte un défi, moi le Haut Chevalier!
(Les moulins se mettent à tourner; on entend leur tic-tac.)
Vos gestes ne font qu'exalter mon courage.
Arrière! arrière! ou bien, à l'instant,
Dans votre chair et votre sang,
Je m'ouvre un large passage!

SANCHO
(éploré)
Mon Dieu!

DON QUICHOTTE
(à Sancho)
Ecuyer, avec moi,
(d'une voix tonnante, il menace terriblement Sancho)
dis que je les défie!

SANCHO
Quelle folie!

DON QUICHOTTE
Géant, Géant, monstrueux cavalier,
Géant, Géant, monstrueux cavalier,
si votre coeur n'est pas cuirassé de vaillance,
Faîtes-moi place, ou bien à la dague, à la lance,
Je vous porte un défi, moi le Haut Chevalier!!

SANCHO
(hurlant de peur)
Géant, Géant, monstrueux cavalier,
Géant, Géant, monstrueux cavalier,
si votre coeur n'est pas cuirassé de vaillance,
Faîtes-lui place, ou bien à la dague, à la lance,
Il vous porte un défi, lui le Haut Chevalier!!

(Don Quichotte bien couvert de son écu, la lance en arrêt,
frappe furieusement les maigres flancs de Rossinante,
et charge contre les moulins à vent aux cris répétés de:
"Dulcinée! Dulcinée! pour toi, ma Dame de Beauté!"
Tandis que le pauvre Sancho, à genoux, se lamente en criant:
"Quel malheur! au secours! au secours! mon bon maître! Hélas!
Hélas! Jésus, Marie, renez le délivrer!!"
On apercevra Don Quichotte, voltigeant par les airs,
lancé par une aile du moulin.
Sancho poussera des cris en essayant de l'arrêter au vol.
Soleil levant, ciel incendié.)

</center>


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NotaPublicado: 14 Sep 2008 16:22 
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Pasamos al tercer acto de este Don Quichotte:

<center>[url=http://www.box.net/shared/f6m9k80bpr]C´est ici le chemin...
(Comienzo del tercer acto. Es una música muy singular, muy vanguardista.
Me encantan los recitativos de Ghiaurov aquí.)[/url]

1er Interlude
Rideau.

(Dans la Sierra, le crépuscule commence rouge, magnifique.
Fourrés à droite et à gouche. Profils vagues de montagnes.
Don Quichotte, contemplé par Sancho tenant par la bride Rossinante
et le Grison, regarde attentirement les traces du chemin.)

DON QUICHOTTE
(s'écriant radieux)
C'est ici le chemin que prennent les bandit…
Quand ils rentrent dans leur taudis…
C'est ici!
(se relevant)
Détèle le Grison, desselle Rossinante,
(les caressant)
Peut-être fatigués par notre course ardente!

(Don Quichotte embrasse le museau de son cheval.)

SANCHO
(très peu rassuré)
Ce lieu dégage une épouvante
Qui hérisse mon poil et celui du Grison.
(Il tire les animaux au dehors dans un pré.)
Allez, mes chers agneaux, brouter l'épais gazon!

DON QUICHOTTE
(tendant l'index)
Ne vois-tu rien qui bouge au fond de la clairière?

SANCHO
(poltron, prêt à fondre en larmes)
Seigneur, je voudrais, bien revenir en arrière!
Maître, j'ai peur de l'ombre et des bruits angoissants
Dont s'emplissent la brande et les bois frémissants…
Que va-t-il se passer?

DON QUICHOTTE
(héroïque)
Quelque chose d'immense!
Sancho… notre gloire commence!
(solennel)
Les preux, les paladins et les héros passés
Vont être en un clin d'oeil oubliés, éclipsés.
Je bous d'impatience héroïque et de fièvre.

SANCHO
Et moi, je tremble comme un lièvre, je tremble…
(la voix tremblée)
je tremble
(changeant de ton)
Mais… si l'on s'asseyait un brin?
Je suis fourbu…
Non d'avoir trop mangé, trop bu!

DON QUICHOTTE
(stupèfait)
S'asseoir!
Un chevalier qui tente l'aventure
Doit toujours paraître en posture
De déjouer la ruse et de parer le coup.

SANCHO
(s'allongeant sur l'herbe)
Je vous laisse le soin de veiller sur mon cou:
Qu'on ne le tranche point, seigneur, à l'imporviste!

DON QUICHOTTE
Sois tranquille.

SANCHO
(en s'allongeant davantage)
Je dors, vous… restez sur la piste.

(Le ciel devient plus sombre. Harassé de fatigue,
Don Quichotte s'est endormi debout, appuyé sur sa lance.)




[url=http://www.box.net/shared/l0uedikj0a]Quand
Se retoma, al princpio, la balada de Don Quijote. Es una música preciosa, ingenuamente hermosa, la que deja fluir aquí Massenet. Precioso. Súbitamente, la acción se precipita...)[/url]

(Le ciel devient plus sombre. Harassé de fatigue,
Don Quichotte s'est endormi debout, appuyé sur sa lance.)

DON QUICHOTTE
(en riant)
Quand apparaissent les étoiles…
Bruit de pas

DON QUICHOTTE
(se réveillant et envoyant un baiser au ciel)
O mes rêves divins…
(soudain il sursaute et regarde l'horizon)
Cette fois, ce sont eux!
(Don Quichotte joyeux et fier.)
Ils sont plus de deux cents, fils!

SANCHO
(piteux, tremblant; il se signe)
Et nous sommes deux!

DON QUICHOTTE
Nous les vaincrons, s'il plaît à la cause servie.

SANCHO
(fou de terreur)
Maître, j'ai les bas courts et je tiens à la vie!

DON QUICHOTTE
(riant)
Va te cacher, au plus noir des forêts!

SANCHO
(en se saurant)
Ah! si j'avais moins peur quel héros je ferais!

(Ils disparaît.)

DON QUICHOTTE
(d'une voix tonitruante, aux brigands
qui sont en face de lui)
Halte-là! rendez-vous, gens de peu, valetaille!

(Bataille)

LE CHEF
Voilà, certes, un gaillard d'une audace superbe!
Si nous avions été brins d'herbe,
Il nous eût fauchés du coupant de son fer!
Mais d'où vient-il?
Du purgatoire ou de l'enfer.

UN BANDIT
A quelle sauce allons-nous mettre sa chair rance?

(Le chef s'immobilise à l'écart et ne quitte plus
des yeux Don Quichotte.)

2d BANDIT
Remarque son indifférence.

1er BANDIT
(à Don Quichotte)
Indique-nous ton choix.

(Silence. Don Quichotte hausse les épaules sans répondre.)

3e BANDIT
(le bousculant)
Nous feras-tu l'honneur
De répondre aux larrons que nous sommes, Seigneur?

(Silence hautain de Don Quchotte.)

1er BANDIT
(le souffletant)
Voilà pour ta morgue imbécile.
(hilarité général)

4e BANDIT
Voilà qui te rendra la langue plus facile.

LE CHEF
(énervé)
Il faut en finir! Saignez-le, brûlez-le,
pendez-le: qu'on m'évite
Le trouble où son regard me plonge…
Faites vite!

(Quelques bandits allument un feu. Les autres bandits chantent
et dansent autour de Don Quichotte, impassible et calme,
que le chef contemple avec stupeur.)



[url=http://www.box.net/shared/1j6re26u9s]Seigneur, reçois mon ame...
(Tras una breve intervención de los bandidos, a coro, que me he ahorrado subir, hallamos a Don Quijote orando.
No os digo más... Esta pista es el final del tercer acto.)[/url]

DON QUICHOTTE
(les mains jointes; loin de tout)
Seigneur, reçois mon âme, elle n'est pas méchante,
Et mon coeur est le coeur d'un fidèle chrétien.
(dol.)
Que ton oeil me soit doux et ta face indulgente!
Etant le chevalier du droit, je suis le tien.

(Le chef est visiblement ému. Don Quichotte est calme.
Les bandits se regardent confondus, interdits.)

LE CHEF
(d'une voix grave)
Vraiment je crois rêver, voyant ta face pâle,
Tes grands traits émouvants d'où le divin s'exhale
Et tes yeux fulgurants de sublimes clartés!
Où vas-tu? Que veux-tu?

DON QUICHOTTE
(fièrement)
Je suis le chevalier errant… et qui redresse
Les torts; un vagabond inondé de tendresse
Pour les mères en deuil, les gueux, les opprimés,
Pour tous ceux qui du sort ne furent pas aimés.
(enthousiaste)
Je suis fou de soleil ardent, d'air pur, d'espace!
(simple)
J'adore les enfants qui rient lorsque je passe,
(de belle humeur)
Et ne déteste point les bandits, quand ils ont
De la force au garret et de l'orgueil au front.
(D'un effort il brise ses lients, puis dresse sa grande taille.)
Et me voici debout, jouant un nouveau rôle.
(ample)
Libre dans mon effort comme dans ma parole;
Et je vous dis ceci, moi, le haut chevalier:
C'est qu'il faut
(grand, fort, calme)
à l'instant me rendre le collier
Pris au cou délicat
(sensible, tendre)
d'un femme adorée.
(hautement)
Le joyau, lui, n'est rien, mais la cause est sacrée.

LE 1er BANDIT
(avec une émotion indicible)
Ah! je me sens trembler!

LE CHEF
(retire de sa ceinture le collier; se découvrant
et mettant un genou en terre;
il remet le collier à Don Quichotte)
Voici! Le joyau dérobé, Monseigneur!

DON QUICHOTTE
(très simplement)
Bien, merci.

LES BANDITS
(Le Chef avec les Barytons.
Les bandits s'agenouillant à leur tour, avec recueillement)
Et maintenant sur nous, placez votre main pure,
O noble chevalier de la Longue Figure!

DON QUICHOTTE
Viens, Sancho, rustre, au coeur timoré,
Viens voir le miracle opéré!
Viens!
(D'une voix éclatante; éclairé par l'éclat du feu allumé par les bandits,
sa tête auréolée d'un dernier rayon. Sancho sort timidement de l'ombre.
Don Quichotte se montre dans une fièvre de sublime exaltation.)
Les manants, les pillards, fils du Vol et du Crime,
Ceux que la peur redoute, et que la force opprime,
Les sans logis, les gueux aux rires menaçants,
Ont deviné mon but, en ont saisi le sens!
Courbés sous l'âpre vent qui vient des cimes hautes,
Tremblants d'un grand frisson, regarde-les mes hôtes,
Les élus de mon coeur, mes fils prédestinés,
Vois-les, mes fils,
Comme ils sont beaux, dociles, fascinés!

LES BANDITS
Sur nous placez votre main pure,
O notre chevalier!


Rideau.


</center>


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NotaPublicado: 14 Sep 2008 18:22 
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Penúltima entrega de nuestro repaso a este Don Quijote afrancesado. Vamos con un par de catas al cuarto acto:

<center>Annonce le gran Don Quichotte...

(Quelques instants après la sortie de Tous,
Sancho est introduit par deux laquais.)

SANCHO
(faisant l'important et l'homme pressé, au premier valet ahuri.
tout ce récit, jusqu'au bout: précipité et avec une seule
et rapide respiration)
Annonce le Grand Don Quichotte de la Manche,
Baron, chevalier de la Longue Figure,
Arrivant en Estramadure
Avec son écuyer le valeureux Don Sanche!

LE 1er LAQUAIS
(ahuri)
El señor… El señor… Quichotte… Estramadure…

SANCHO
Idiot!

LE 2d LAQUAIS
(de même)
El señor… chevalier d la Longue Figure…

SANCHO
(condescendant)
Mieux!

(Don Quichotte entre, compassé, solennel.)

LE 1er LAQUAIS
(éclatant de rire, bas, à son camarade)
Sont-ils drôles, j'augure que cet homme
n'a rien mangé depuis deux ans!

LE 2d LAQUAIS
Encore s'il nous faisait quelques riches présents!

(Sancho s'apercevant de leur manège court sur eux furieux
et les bouscule; les valets se sauvent apeurés.)

SANCHO
(aux valets disparus)
Que le grand chevalier rêve, chante ou soupire,
Moi seul, entendez-vous, ai le droit de sourire!

DON QUICHOTTE
(épanoui)
J'entre enfin dans la joie!

SANCHO
(geignant)
Quand donc dans l'abondance et dans l'oisiveté?

DON QUICHOTTE
J'entre dans l'immortalité!

SANCHO
Quand pourrai-je palper le plus mince pécule?

DON QUICHOTTE
J'entre enfin dans la joie, et l'immortalité!

SANCHO
Quand donc dans l'opulence
et dans l'oisiveté? quand donc?
(geinant encore plus)
Quand donc dans l'abondance? et dans l'oisiveté?

DON QUICHOTTE
(le réconfortant joyeusement)
Tout vont t'échoir,
J'en jure par Hercule.

SANCHO
(heureux)
Tous ces biens vont m'échoir!

DON QUICHOTTE
(avec gravité)
Pour ton dévouement, ta vertu,
Je songe à t'enrichir.
(très sérieusement)
Que dirais-tu
D'une île?

SANCHO
… une île?

DON QUICHOTTE
Ou d'un château festonné de tourelles?
Ceint d'un parc, où le soir glissent des tourterelles?

SANCHO
(ravi)
Enfin!
(stupéfait)
une île? un château?
(la figure épatée par un large sourire)
Ce rêve me sourit.
Mais dans combien de temps?

DON QUICHOTTE
(réfléchissant)
Ce soir… demain… peut-être…

SANCHO
(paradant)
O bien heureux moment où vêtu d'or, de brocatelles,
Le jabot fleuri de dentelles,
Devant mes gens je paraîtrai,
Moi leur seigneur et maître, en habit chamaré!

DON QUICHOTTE
(avec assurance)
Radieuse pour nous s'ouvre la Destinée!

SANCHO
(exultant formidablement)
Oh!! oh!! oh!! oh!!

DON QUICHOTTE
(avec une tendre émotion)
D'abord, ce soir, j'épouse Dulcinée,
(sous le regard étonné de Sancho à cette nouvelle)
Et l'emmène au pays charmant…
Où tout est rêve… enchantement…
L'heure y coule exquise, et se savoure toute.

SANCHO
(intrigué)
Où perche cet Eden?

DON QUICHOTTE
(avec mystère)
Moi seul en sais la route.

SANCHO
… lui seul…

DON QUICHOTTE
… moi seul!

SANCHO
… en sait la route!

(Tous deux glorieusement.)

DON QUICHOTTE
J'entre enfin dans la joie et l'immortalité!
J'entre enfin dans la joie et l'immortalité!

SANCHO
Il connaît l'abondance et la félicité!
Il connaît l'abondance et la félicité!

(Des valets soulèvent les tentures de la salle du souper;
au loin, on entend les bruits de la fête.)





L´aube bientot blanchira l´horizon!...

LA FOULE
(au loin)
L'aube bientôt blanchira l'horizon!

DON QUICHOTTE
(avec une indicible émotion)
Mais… voici… Dulcinée… ah! que je suis heureux!

LA FOULE
(au loin)
Nous saluerons l'aurore en soupant verre en main!

DON QUICHOTTE
Mon Sancho, tu vas voir, tu vas voir cet accueil chaleureux!

(Dulcinée aperçoit Don Quichotte.
Vivement elle s'avance et l'examine.
Mouvement joyeux et moqeur de la part de tous.)

DULCINÉE
Tiens, c'est vous chevalier… mais,
pas une blessure? pas une égratignure?

DON QUICHOTTE
(souriant, calme; avec un large geste)
Intact!

DULCINÉE
(souriante, malicieuse)
Intact?
(gaîment)
Vivat!

(Rires de la Foule.)

RODRIGUEZ et JUAN
(tous deux à Don Quichotte et à Sancho)
On ne s'explique pas qu'à deux,
Vous ayez pu vous tirer de ce pas.

PEDRO et GARCIAS
(tous deux à Don Quichotte et à Sancho)
On ne s'explique pas qu'à deux, qu'à deux
Vous ayez pu vous tirer de ce pas.

PEDRO, GARCIAS, RODRIGUEZ et JUAN
Donnez de vos exploits, la preuve… la preuve… malepeste!

SANCHO
(désignant son maître)
Ne la voyez-vous pas,
Chers seigneurs, à son geste?
(fièrement)
…à deux!

PEDRO, GARCIAS, RODRIGUEZ,
JUAN et LA FOULE
On ne s'explique pas qu'à deux,
Vous ayez pu vous tirer de ce pas.
Donnez de vos exploits la preuve!
La preuve!! Donnez la preuve!

SANCHO
Cher seigneurs!
Voyez… voyez son geste!

DULCINÉE
(rieuse et incrédule aussi, à Don Quchotte)
Auriez-vous donc les trente perles fines?

DON QUICHOTTE
(navré, éffondré)
Elle a douté!
(Il exhume du fond de sa pauvre cape le collier
qu'il tend d'un geste douloureux Dulcinée.)
Voici, madame, le collier.

DULCINÉE
(stupéfaite; vivement)
Mon collier?

LA FOULE
(Pedro et Garcias avec les Sopranos, Rodriguez
et Juan avec les Ténors; en joie)
Ah!!

(Dulcinée avec joie reconnaît son collier et s'en pare aussitôt.)

DULCINÉE
(hardiment)
Mon chevalier! Il faut que je t'embrasse!

(Dulcinée saute au cou de Don Quichotte.)

LA FOULE
(tous désignant Don Quichotte)
Voyez de quels transports… s'illumine sa face!

DULCINÉE
(avec enthousiasme et ampleur)
Les plus illustres faits des héros de jadis
Sont ici dépassés, même ceux d'Amadis!

LA FOULE
(tous en triomphe)
Vivat! vivat! vivat! vivat!

DON QUICHOTTE
(fou d'amour s'avance vers Dulcinée)
Marchez dans mon chemin
Et prêtez-moi
L'appui léger de votre main,
A deux nous aimerons davantage le monde,
Le temps sera plus court, la moisson plus féconde…
Les maux dont geint l'humanité
Ont besoin de la femme et de sa charité!
(chaleureux)
Allons vers l'Idéal, montons à grands coups d'aile!
Allons vers l'Idéal!
Allons!
Soyez mon épouse fidèle!

(en lui offrant la main)

DULCINÉE
(riant)
Me marier, moi!
Me marier, moi!
Me marier! ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah!
Me marier! ah!

LA FOULE
(Pedro et Garcias avec les Sopranos; Rodriguez
et Juan avec les Ténors; est secouée
par le rire de Dulcinée qui la gagne, riant)
Ah! ah! ah! ah!

DULCINÉE
Que j'abandonne ma maison?
(toujours à Don Quichotte)
Eh! mais… vous perdez la raison!
J'aime trop la folie et le rire
Et l'amour, mon charmant empire.
Je vous estime fort! vous êtes un galant
Fantasque, glorieux, étrange infiniiment…
Mais laissez moi, oui, laissez-moi très libre,
En ma ville natale.
(riant)
ah! ah! ah! ah! me marier!
(aux éclats)
ah! ah! ah! ah! ah! ah!

DON QUICHOTTTE
(courbant la tête)
O réponse fatale!
(Dulcinée, d'un geste lent, éliogne la foule/
Sancho, lui-même s'efface.)
Peu de mots ont suffi pour me désespérer.



<center>Oui, je souffre votre tristesse...

DULCINÉE
(au chevalier, simplement, avec son coeur)
Oui, je souffre votre tristesse…
Oui, je souffre votre tristesse…
Et j'ai vraiment chagrin à vous désemparer…
Mais je dois vous désabuser… je le dois… je le dois!
Et en n'acceptant pas ce que vous proposez,
Vrai… je vous prouve ainsi ma sincère tendresse.
Vous… ami… ami… ah! j'aurais de la peine… en vous trompant…

DON QUICHOTTE
(très ému)
Dulcinée! Dulcinée!

DULCINÉE
(émue, tristement souriante)
Car c'est ma destinée
De donner de l'amour… à ceux dont le désir
Est d'avoir ou mon âme ou ma bouche à saisir.
Ah!
(avec un tendre élan)
Puisque vous souffrez et que je suis impure,
Indigne, lancez sur moi l'injure…
Vengez-vous!
Mais restez avec nous…
(tendrement suppliante)
Ah! restez avec nous!
Restez, restez! ah! restez!

DON QUICHOTTE
(avec une infinie bonté)
O toi dont les bras nus sont plus frais que la mousse,
Laisse-moi te parler
De ma voix la plus douce…
Avant de te quitter.
(avec une gravité triste)
Comme réponse à ma prière,
Pour m'avoir dit des vérités…
Femme, je te bénis:
Reste toujours sincère.
Tu m'as brisé le cour et je suis à tes pieds!
Tu m'as brisé le cour et je suis à tes pieds!
Femme, je te bénis!
C'est moi qui te bénis! c'est moi!

DULCINÉE
(très tendrement expressif)
Je t'ai livré mon coeur et te vois à mes pieds!
Je t'ai livré mon coeur et te vois à mes pieds!
Je t'ai livré mon coeur!
(avec élan)
mon coeur!
Par toi je suis bénie par toi!

(Dulcinée se penche vers le chevalier
et l'embrasse au front avec ferveur.
Dulcinée, au bruit de la foule qui revient,
quitte le chevalier qui se relève soutenu par Sancho qui,
le premier, est entré et s'est élancé vers son maître.
Dulcinée rejoint ses amis. Le chevalier, à bout de forces,
s'asseoit dans un coin; pendant ce qui suit, Sancho reste près
de Don Quichotte et essaye de la consoler;
le chevalier cherche à sourir à Sancho.)
</center>


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Bueno, vamos con un último post sobre el binomio Don Quichotte/Ghiaurov. Nos ocupamos, por fin, de la maravillosa escena de la muerte de Don Quijote, que ocupa todo el breve quinto acto.

<center>Muerte de Don Quijote (Oh, mon maître, o mon gran maître...)- escena del Acto V

<center>2me Interlude
Rideau
Dans le chemin raviné de la vieille forêt.

(C'est la nuit, une nuit étoilée très claire.
Jupiter brille dans tout son éclat.
Don Quichotte repose, debout contre le tronc d'un chêne.
Sancho le veille comme un enfant; il attise un feu de sarments
qui réchauffera son "Grand.")

SANCHO
(avec simplicité, attendrissement et ferveur)
O mon maître, ô mon Grand! dans des splendeurs de songe
que ton âme s'élève aux cieux loin du mensonge,
Et que ton coeur si doux plane dans les clartés,
où tout ce qu'il rêva devient réalité!
O mon maître! ô mon grand!

DON QUICHOTTE
Écoute… mon ami, je me sens bien malade!
Mets ton bras sous mon cou,
Sois l'ultime soutien
De celui qui pansa l'humanité souffrante…
Et survécut à la Chevalerie Errante…

SANCHO
(comme un murmure)
Mon maître!

DON QUICHOTTE
Sancho, mon bon Sancho, nous allons nous quitter…
Ingrat, vas-tu me regretter?
(avec une intimité attendrissante)
Déjà… tes yeux… revoient le village… où tu fus enfant…
Et te voici rêvant… aux bois mystérieux… de la terre natale!

SANCHO
(désolé)
Non! non!

DON QUICHOTTE
(avec une infinie douceur)
Mais, mon pauvret, c'est la chose fatale!
(avec un pâle sourire)
Tu n'es qu'un homme enfin, tu veux vivre…
et je meurs…

SANCHO
(larmoyant)
Mon maître! mon maître!

DON QUICHOTTE
(fièrement et simplement; en suprême
et sublime effort se redressant)
Oui! je fus le chef des bons semeurs!
J'ai lutté pour le bien, j'ai fait la bonne guerre! ah!
(Il étouffe. Don Quichotte retrouve la parole.)
Sancho, je t'ai promis naguère… des coteaux…
des châteaux… même une île… fertile…

SANCHO
(très doux et modeste)
C'était un simple îlot que je voulais avoir!

DON QUICHOTTE
(continuant et souriant)
Prends cette île qu'il est toujours en mon pouvoir
De te donner!
(dolciss.)
un flot azuré bat ses grèves…
Elle est belle, plaisante… et c'est l'île des Rêves!
(Sancho pleure.)
(émotionnant et simple)
Ne pleure pas Sancho, mon bon, mon gros Sancho!

SANCHO
Laissez-vous délacer; comme dans un cachot,
Vous étouffez, mon grand, dans cet habit d'apôtre!

DON QUICHOTTE
(arrêtant le geste de Sancho et très grave,
très pieusement doux)
Je meurs…
Fais ta prière et dis la patenôtre…
(Il baise la tête et défaille. Sancho,
avec précaution, le cale contre l'arbre.)
(désignant Jupiter à qui il tend les bras.)
L'Étoile!

LE VOIX de DULCINÉE
(très au loin)
Ah! le temps d'amour a fui…
Où vont nos bonheurs… adieu! bonheurs! adieu!

DON QUICHOTTE
Dulcinée! avec l'astre éclatant
Elle s'est confondue…
C'est bien elle!
La lumière, l'amour, la jeunesse…
Elle! Vers qui je vais… qui me fait signe… qui m'attend!

(Il meurt.)

SANCHO
(dans un cri déchirant)
Mon Maître adoré!

FIN



* Y, por último, terminamos nuestro repaso al Don Quijote de Ghiaurov acudiendo a un emocionante video de 2002, de un concierto en Moscú, donde Ghiaurov interpretó por vez última la muerte de Don Quijote. Es simplemente asombroso qué suene tan bien, qué conserve todavía ese legato a pesar del desgaste tímbrico; lo que hace una buena técnica...
Ah, el video incluye una sorpresa: ¿a qué no sabéis quién hace de Dulcinéa? ;-)


[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tFbAOooluWU[/youtube]


* Si mi insistencia con este título de Massenet ha surtido efecto, os habrá picado el gusanillo y qurréis escuchar alguna grabación más, aparte de este estudio referencial con Ghiaurov que hemos repasado. Si es así, podéis acecaros al siguiente registro en directo, también con Ghiaurov:

Ghiaurov, Valentini-Terrani, Gramm, Kunde - dir. P. Fournet, Lyric Opera of Chicago, November 21, 1981

También podéis acudir a la toma, ya citada, con Christoff y Berganza, del 58. Huyan, en cualquier caso, del Don Quijote de Raimondi, por su salud mental. Acudan ,eso sí, a los dos últimos grandes Quichottes, Van Dam (sobre todo) y (algo menos) Ramey. De Van Dam, es imprescindible el estudio con Plasson, en Emi, de 1992, junto a una genial (aunque algo viejuna) Berganza. De Ramey, hay un video excepcional registrado en París, en 2001, disponible en las verdes praderas.</center>


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Avanzamos nuestro repaso al repertorio francés de Ghiaurov con dos catas anecdóticas a un par de roles secundarios, meras curiosidades de coleccionista, y uno de ellos, el Prieur de Le Jongleur de Notre Dame, muy tardíamente asumido. En ambos casos, no hay apenas nada que comentar más allá de la información discográfica, etc. Mi limito, por tanto, a dar cuenta de estos roles y a aportar algunas audiciones. Si queréis algo más, sólo tenéis que pedirlo.


<center>N. Ghiaurov - PRIEUR – (Le Jongleur de Notre Dame – Massenet)
(aquí algunos datos elementales sobre este título, desde la Wikipedia)

Massenet
LE JONGLEUR DE NOTRE DAME
Massimo Giordano (Jean)
Massimiliano Gagliardo (Boniface)
Nicolai Ghiaurov (Prieur)
Jose Fardilha (Monk Painter)
Seung Seo Na (Monk Poet)
Janet Hopkins (Angel)
George Peteau (Monk Musician)
Cesare Lama (Monk Sculptor)
Gianlugi Gelmetti
(Roma 2000)


Escuchamos la segunda mitad del primer acto.
Audiciones : primera parte, segunda parte, tercera parte.

(La porte de l'abbaye s'ouvre brusquement.
Le Prieur parait sur les marches.)

LE PRIEUR
(avec énergie, à la foule)
Hors d'ici!... troupe infâme, hors d'ici! allez!

TOUTE LA FOULE
C'est le Prieur... le Prieur...
(en s'enfuyant, sauf Jean, interdit)
Fuyons! Fuyons! Fuyons!

LE PRIEUR
(à Jean)
Et toi, vil Baladin, pour mieux damner ton âme,
Viens-tu donc insulter jusque dans ce couvent
(pieusement)
Notre mère Marie et son divin enfant!

JEAN
(tombant à genoux)
Grâce, mon Père!

LE PRIEUR
(avec mépris)
Détestable et maudite race!

JEAN
(encore plus pressant)
Oh! mon Père, pitié, pitié.

LE PRIEUR
Ne vois-tu pas Satan!
(avec une exagération voulue
afin de terrifier Jean)
Satan, Satan, dont le poing
vert brandit l'écarlate trident?
Il t'enfourche,

JEAN
(avec terreur)
Grâce! grâce!

LE PRIEUR
... il t'emporte,
Pour t'engloutir, voici flammes et fer,

JEAN
(se traînant aux pieds du Prieur)
... pitié! grâce! ah!
(déchirant)
je brûle! ah! je meurs!

LE PRIEUR
Voici la porte formidable de l'Enfer.
L'Enfer! Tremble: L'Enfer! va! va!

JEAN
(se relevant peu à peu mais encore à genoux)
Ah! mon Père, pardon.
(se traînant vers la Vierge)
Pardon, Marie!
(en s'attendrissant)
voyez mes pleurs.

(Il sanglote.)

LE PRIEUR
(à part)
Il pleure...
Un peu de foi, dans cette âme flétrie,
Pâle rose d'hiver, va-t-il donc refleurir?
(à Jean, doucement)
Ton nom?

JEAN
(simplement)
Jean.

LE PRIEUR
C'est le nom d'un Saint cher à la Vierge.
(montrant la Vierge)
Le pardon de Marie, on peut le conquérir.
Tu seras pardonné si, brûlant comme un cierge,
Parfumé comme un encensoir,
Ton coeur à son autel, sans retard, dès ce soir.
Abjure ce métier immonde;
Tu seras pardonné, si, plein d'un repentir fervent
Et, secouant la poussière du monde,
Tu deviens, dès ce soir, mon frère en ce couvent.

JEAN
(avec ferveur, les mains jointes vers la Vierge)
Dame des cieux,
Vous savez bien, Jésus le sait de même,
De quel amour tendre et dévotieux
Jean, le pauvre jongleur, vous aime...
Eh bien?
(hésitant et troublé)
Mais renoncer, quand je suis jeune encor,
(avec élan, se retrouvant)
Renoncer à te suivre,
Liberté,
(avec une tendre joie)
ô Liberté, ma mie,
Insoucieuse fée au clair sourire d'or!
(heureux, souriant)
Liberté! Liberté! c'est Elle que mon coeur
pour maîtresse a choisie.
Cheveux au vent, rieuse,
Elle me prend la main
Et m'm'entraîne au hasard de l'heure
(sans respirer)
et de chemin.
C'est Elle! Elle!
L'argent des eaux,
L'or de la moisson blonde,
Les diamants des nuits,
par Elle sont à moi, à moi, à moi!
(avec enthousiasme)
Par Elle j'ai l'espace, et l'Amour,
(fièrement)
et le Monde:
(vibrant)
Par Elle le gueux devient Roi!
Par son charme divin, tout me rit, tout m'enchante.
Tout me rit!
(avec enivrement)
Je vais et je respire, je rêve et je chante,
Et pour accompagner le vol de ma chanson,

Le concert des oiseaux pétille au vert buisson...
(tendrement)
Maîtresse gracieuse, et soeur que j'ai choisie.
Faut-il que je vous perde, ô mon royal trésor.
(avec un doux sourire)
O Liberté, ma mie,
Insoucieuse fée au clair sourire d'or!

LE PRIEUR
(avec ironie)
Belle maîtresse en vérité.
Redoute, pauvre sot, la mortelle caresse
De sa mensongère beauté.

JEAN
Printemps sourit dans son cortège.

LE PRIEUR
N'y vois-tu pas l'hiver, et la Bise, et la Neige?

JEAN
(ardent)
Sa jeunesse est en fleur.

LE PRIEUR
Mais bientôt sera vieux son amant le jongleur.

JEAN
(tristement, après avoir regardé son bagage de jongleur)
Et vous, balles, cerceaux, vieux amis pleins de zèle,
(expressif)
Va-t-il vous laisser là, votre maître infidèle?
(tendrement, s'adressant à sa viele)
Toi dont l'âme chantait docile sous ma main.

LE PRIEUR
(avec mépris et résolution)
Garde-les et va-t'en.
Va-t-en mourir de faim,
Sans confesseur, dans un fossé, guenille infâme...
(changeant de ton)
Mais le couvent, c'était le salut de ton âme...
C'était le salut,
(avec intention)
le salut de ton corps.
(souriant)
En carême, sans doute, haricots, harengs saurs,
Mais aux fêtes carillonnées,
Ah! les plantureuses journées.
(indiquant subitement le côté
par où Boniface va paraître
accompagné d'un frère lai. Il est monté
sur un âne chargé de deux paniers,
l'un contenant des fleurs, l'autre
des victuailles et des bouteilles.)
Tiens
(souriant)
regarde plutôt...
Cuisinier sans égal,
Le frère Boniface, arrivant de sa quête,
Glorieux, souriant, apporte pour la fête
Tout un régal.

BONIFACE
(avec bonne humeur et onction)
Pour la Vierge
D'abord voici les fleurs qu'elle aime.
Voici les fleurs qu'elle aime.
Oeillets, lilas, myosotis,
Eglantine et lys, anémone, hélianthème,
Et voici la pervenche encor.
Pour la Vierge d'abord voici les fleurs qu'elle aime.
Voici les fleurs qu'elle aime.
Et pour les serviteurs de Madame Marie:
Voici des oignons nouvelets,
Voici des poireaux verdelets,
Voici du cresson de prairie,
Choux veloutés, sauge fleurie...
C'est pour les serviteurs de Madame Marie.
Sainte Vierge,
(avec une animation enthousiaste)
le beau chapon!
Mon Père, s'il vous plaît, soupesez ce jambon...
(avec une joyeuse exclamation)
Du vin, nous en avons, et quel vin délectable!
Voyez comme il scintille dans le flacon;
Doux Jésus, c'est du vieux Mâcon!
Pour la Vierge,
Voici des fleurs
Et ce beau cierge!
Et voici pour ses humbles serviteurs.
(Au loin, Cloche dans l'abbaye.)
(au Prieur, pieusement)
Le Benedicite, mon Père

(Voix des Moines dans l'intérieur de l'abbaye)

UN VOIX
(au loin)
Benedicite.

LES MOINES
(au loin)
Benedicite.

UN VOIX
Nos et ea quæ sumus sumpturi
benedicat dextera Christi.

LES MOINES
Amen.

UN VOIX
In nomine patris et filii et spiritus sancti.

LES MOINES
Amen.

BONIFACE
(changeant de ton et
avec bonhomie et entrain)
A table! à table!
Et qu'un bon déjeuner
(montrant ses provisions)
Nous prépare au dîner.

LE PRIEUR
(à Jean, avec
un geste d'invitation)
A table! à table!

JEAN
(comme en extase,
mains béatement jointes)
A table! à table!

(Le Prieur, Boniface et le frère lai
se dirigent vers l'entrée de l'abbaye.)

JEAN, BONIFACE & LE PRIEUR
(Tous les trois avec une expression
et un geste différents)
A table!

(Jean suit Le Prieur et Boniface, encore hésitant, mais comme
entraîné par le parfum des victuailles... Jean revient sur ses pas
pour prendre son bagage de jongleur qu'il emporte en cachette.)
</center>

* Siguiente entrega: Le roi de Lahore, donde Ghiaurov intrepretó el rol de Indra.


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<center>N. Ghiaurov – INDRA – (Le roi de Lahore – Massenet)

(aquí algunos datos elementales sobre este título, desde la Wikipedia)

El rol de Indra es breve y no exige otra cosa que una declamación solemne, unos acentos divinos en una dicción francesa impecable. Eso es lo que aporta Ghiaurov a un rol, por lo demás, planote, planote. Ghiaurov, en cualquier caso, está algo distante. La impresión, exagero, es que se miró las partituras en el vuelo a los estudios, más o menos.

LE ROI DE LAHORE
Jules Massenet
Text by Louis Gallet

Alim, King of Lahore - Luis Lima
Sita, priestess of Indra - Joan Sutherland
Scindia, Minister of the King - Sherrill Milnes
Indra, an Indian Deity - Nicolai Ghiaurov
Timour, High Priest of Indra - James Morris
Kaled, the King's servant - Huguette Tourangeau
An Officer - John Tomlinson
Army Chief - Gareth Morrell
A Soldier - David Wilson-Johnson

The London Voices (dir. Terry Edwards)
National Philharmonic Orchestra
Richard Bonynge, conductor
1979


Imagen


Tras el ballet y la escena coral que da inicio al acto III, éste arranca de hecho con la primera intervención de Indra en toda la ópera, dando audiencia a Alim.

Quel est celui qui vien?...


INDRA
Quel est celui qui vient? son front pâle s'incline,
Comme si dédaignant la volupté divine,
Il regrettait ici les misères d'en bas!
(Entré d'Alim.)
(à Alim, prosterné)
Homme, qui donc es-tu, toi, qui ne souris pas?

ALIM
Hier je comptais dans la vie parmi les grands et les heureux...
J'étais de ces rois qu'on envie...
Mon âme doucement ravie,
(simplement)
Se berçait d'un songe amoureux!

INDRA
Espère en la vie immortelle!

ALIM
Souverain du ciel! écoute mes voeux:
Rends moi celle que j'aime!

INDRA
Son jour n'est pas venu.

ALIM
Mais la mort elle même t'obéit, roi du ciel, et je puis être heureux!
Indra!
(avec une ardeur suppliante)
Indra! redonne moi la vie!
Indra! redonne moi la vie!
De l'amour de Sitâ du destin que j'envie, laisse encore s'enivrer...
s'enivrer mon coeur... de l'amour de Sitâ, laisse encore s'enivrer...
s'enivrer mon coeur!
(avec une grande résolution)
Ah! Ah!! dix siècles d'enfer...
(suppliant)
pour une autre existence!

INDRA
(avec pitié)
Dix siècles de tourments pour une vie humaine! insensé!

ALIM
(avec anxiété)
J'attends...

INDRA
Va, pourtant, les dieux ont pitié de ta peine...
(avec autorité)
Tu vivras!

ALIM
Ô Dieu bon!

ÂMES HEUREUSES et ESPRITS CÉLESTES
Il vivra!

INDRA
(largement soutenu)
Qu'il soit lui! qu'il no soit plus lui!
qu'il dorme dans la tombe et marche sur la terre!

ÂMES HEUREUSES et ESPRITS CÉLESTES
Qu'il soit lui!

INDRA
Que son âme immortelle ait un corps de poussière,
Qu'elle prenne encore une voix,
Qu'il aille vivre, aimer et souffrir!

ÂMES HEUREUSES et ESPRITS CÉLESTES
Qu'il soit lui!
Qu'il ne soit plus lui! qu'il dorme dans la tombe et marche sur la terre!

INDRA
Qu'il soit lui!

ÂMES HEUREUSES et ESPRITS CÉLESTES
Que son âme immortelle ait un corps de poussière!
Qu'elle prenne encore une voix!
Que son âme ait un corps et qu'elle prenne encore une voix!
Qu'il aille vivre! qu'il aille aimer!

INDRA
Qu'il ne soit plus lui! qu'il aille vivre! aimer souffrir!
Que son âme ait un corps! et qu'elle prenne encore une voix!
Que son âme ait un corps
Qu'il aille vivre! qu'il aille aimer!

ALIM
Aimer et vivre! bonheur divin! aimer! douce promesse!
Aimer et vivre! bonheur divin!

INDRA
(et toutes les Basses, à Alim)
Tu ne seras plus roi!
(soutenu et accentué)
Sous des habits de laine
Humble tu passeras dans cette foule humaine...
Et mon seul pouvoir te protégera!
Que Sitâ soit parjure, ou qu'elle soit fidèle
Un commun destin vous enchaînera
Et quand elle mourra, tu mourras avec elle!

INDRA
(seul)
Ne redoutes-tu pas cette épreuve aujourd'hui?

ALIM
(avec fermeté)
Non! je suis prêt!

INDRA, ÂMES HEUREUSES et ESPRITS CÉLESTES
Qu'il soit lui! qu'il ne soit plus lui!
Qu'il dorme dans la tombe et marche sur la terre!
Que son âme ait un corps!
Que son âme ait un corps!
Qu'il aille vivre
Qu'il aille aimer!

ALIM
Aimer et vivre! aimer!
Aimer, douce promesse!
Aimer et vivre
Bonheur divin!
Aimer et vivre!
Bonheur! divin!
Aimer! Bonheur divin!

INDRA
Aimer et vivre!
Bonheur! divin!
Qu'il aille aimer!
Bonheur divin!

ÂMES HEUREUSES et ESPRITS CÉLESTES
Que son â ait un corps
Qu'il aille vivre!
Qu'il aille aimer
Bonheur divin!


RIDEAU

Fin du 3e Acte.
<center>


Última edición por Spinoza el 15 Sep 2008 22:52, editado 1 vez en total

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Jar Jar Binks
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El enlace de Le roi de Lahore no es el correcto. Parece de la ópera anterior :wink:

Muy bonito el fragmento de Le jongleur de Notre Dame. No parece una ópera apasionante, pero como siempre Massenet tan inspirado en las melodías. Gracias por poner fragmentos de estas óperas tan poco usuales. :wink:


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Siddharta escribió:
El enlace de Le roi de Lahore no es el correcto. Parece de la ópera anterior :wink:

Muy bonito el fragmento de Le jongleur de Notre Dame. No parece una ópera apasionante, pero como siempre Massenet tan inspirado en las melodías. Gracias por poner fragmentos de estas óperas tan poco usuales. :wink:


Ahora arreglo lo del enlace. Gracias por el aviso. ;-)

La verdad es que se trata de títulos francamente secundarios en la producción de Massenet, pero tienen momentos inspiradísimos. En conjunto no están a la altura del otro Massenet que hemos comentado, el Don Quijote, que es homogéneo y redondo, para mi gusto. A cambio, como bien dices, tanto en Le Jongleur... como en Le roi... encontramos melodías tan bien halladas...momentos musicales tan disfrutables... Le estoy cogiendo aprecio a Massenet (más del que le tenía ya, quiero decir).


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Pumby
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La verdad es que el D. Quijote es un hallazgo para mi :)


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Pues con eso me doy por más que contento. ;-)

edito: ya está arreglado el problema con el audio de Le roi de Lahore.


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<center>N. Ghiaurov – MARCEL – (Les Huguenots – Meyerbeer)</center>

<center>Nuestro repaso al repertorio francés de Ghiaurov llega ahora al rol de Marcel, de Les Huguenots de Meyerbeer. Se trata de un título realmente dificil de escenificar, por el exigente reparto que demanda. En 1962, la Scala logró reunir a un reparto de campanillas, compuesto por Sutherland, Corelli, Simionato, Cossotto, Ghiaurov y Tozzi, junto a una ristra de ilustres secundarios milaneses como de Palma, Giulini, Mercuriali o Carbonari. Resumiendo: una pasada. Aquellas representaciones fueron una burrada, vocalmente hablando. Puro espectáculo, pirotécnia vocal. No hay más queescuchar a Corelli, o a Corelli y Simionato en el dúo. Bárbaros. En el caso de Ghiaurov, esta fue una de sus primeras colaboraciones con la Scala, tras la Medea con Callas, del 61 y el anterior Varlaam con el Boris de Christoff.


Imagen

Les Huguenots - Giacomo Meyerbeer

Gianandrea Gavazzeni (1962)

Raoul Franco Corelli
Nevers Wladimiro Ganzarolli
Marcel Nicolai Ghiaurov
Saint-Bris Giorgio Tozzi
Valentine Giulietta Simionato
Marguerite Joan Sutherland
Urbain Fiorenza Cossotto

Cossé Manuel Spatafora
Tavannes Piero de Palma
Méru Alfredo Giacomotti
Retz Antonio Cassinelli
Maurevert Silvio Maionica
Bois-Rosé Walter Giulino
Thoré Manuel Spatafora
Leonard Angelo Mercuriali
Un arciere Virgilio Carbonari
Una dama Clara Foti
Signor Walter Gullino
Signor Angelo Mercuriali
Signor Giuseppe Morresi
Signor Alfredo Giacomotti
Zingare Clara Foti
Zingare Maddalena Bonifaccio
Fratti Enzo Guagni
Fratti Virgilio Carbonari
Fratti Giovanni Antonini


Orquesta: Teatro alla Scala di Milano
Coro: Teatro alla Scala di Milano
Grabado en directo

* Audiciones.

Escuchamos la conocida intervención de Marcel en el primer acto. Junto al corte correspondiente del directo del 62 os pongo el estudio del 65, del recital de Decca:

Ghiaurov en la Scala, 1962:
Piff, paff (Meyerbeer, Les Huguenots) - en italiano -

parte 1 / parte 2

[url=http://www.box.net/shared/vxgkxdzmkx]Ghiaurov en el recital de Decca, de 1965:
Piff, paff (Meyerbeer, Les Huguenots) - en francés [/url]</center>


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El primer Acto de estos "Hugonotes" es una de esas ocasiones donde G. se pasa de fantasmón, cantando con todo el volumen del que era capaz y ensanchando a tope el registro central. Está demasiado estentóreo en el "Piff paff" y creo que en otro momento incluso se le abre un agudo con ese efecto rugido tan feo al que de vez en cuando era aficionado ("Ooooaaaaaarrrr")

Quede claro que estoy yo ahí y me muero de gusto.

Por cierto, cómo está Cossotto en su aria de salida. Para comérsela. En realidad, todas las señoras a un nivel estratosférico.

_________________
Il barone fu ferito, però migliora


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<center>N. Ghiaurov – ARKEL – (Pelléas et Mélisande – Debusy)</center>

<center>Cerramos nuestro repaso al repertorio francés de Ghiaurov con esta visita anecdótica al rol de Arkel, en el Pelléas de Debussy. Se trata de un rol hermosísimo y que, me atrevo a conjeturar, adoptó Ghiaurov por sugerencia directa de su gran amigo Abbado. Ghiaurov interpretó el rol tan sólo unas funciones en la Scala, en 1986. Su voz suena magnífica en el papel, y su fraseo y su dicción francesa son de antología, de una delicadeza sublime.

Pelléas et Mélisande - Claude Debussy
Claudio Abbado (1986)

Pelléas Kurt Ollmann
Mélisande Frederica von Stade
Golaud John Brocheler
Arkel Nicolai Ghiaurov
Yniold Patricia Pace
Geneviève Glenys Linos
Le Berger Silvestro Sammaritano
Un Médecin Alfredo Giacomotti

Orquesta: Teatro alla Scala di Milano
Coro: Teatro alla Scala di Milano


[url=http://www.box.net/shared/51mnl9il1n]Escuchamos la primera intervención de Arkel, en la escena con Geneviève
(segunda escena del primer acto)[/url]:

Scène 2

(Un appartement dans le château)

GENEVIÈVE
Voici ce qu'il écrit
à son frère Pelléas:

(Modéré)

«Un soir, je l'ai trouvée
tout en pleurs
au bord d'une fontaine,
dans la forêt où je m'étais perdu.
Je ne sais ni son âge,
ni qui elle est,
ni d'où elle vient
et je n'ose pas l'interroger,
car elle doit avoir eu
une grande épouvante,
et quand on lui demande
ce qui lui est arrivée,
elle pleure tout à coup
comme un enfant,
et sanglote

(D'une voix étouffée)

si profondément qu'on a peur.
Il y a maintenant six mois
que je l'ai épousée
et je n'en sais pas
plus que le jour
de notre rencontre.
En attendant, mon cher
Pelléas,
toi que j'aime plus
qu'un frère,
bien que nous ne soyons
pas nés de même père,
en attendant,
prépare mon retour...

(Avec une émotion contenue)

Je sais que ma mère
me pardonnera volontiers.
Mais j'ai peur d'Arkel,
malgré toute sa bonté.
S'il consent néanmoins
à l'accueillir,
comme il accueillerait
sa propre fille,
le troisième jour qui
suivra cette lettre,
allume une lampe
au sommet de la tour
qui regarde la mer.
Je l'apercevrai du pont
de notre navire;
sinon, j'irai plus loin
et ne reviendrai plus...»
Qu'en dites-vous?

ARKEL
Je n'en dis rien.
Cela peut nous paraître
étrange, parce que
nous ne voyons jamais
que l'envers des destinées,
l'envers même de la nôtre...
Il avait toujours suivi
mes conseils jusqu'ici;
j'avais cru le rendre
heureux en l'envoyant
demander la main
de la princesse Ursule...
Il ne pouvait pas rester seul,
et depuis la mort
de sa femme il était
triste d'être seul;
et ce mariage allait mettre fin à
de longues guerres,
à de vieilles haines...
Il ne l'a pas voulu ainsi.

(Avec une émotion grave)

Qu'il en soit comme il a voulu:
je ne me suis jamais mis
en travers d'une destinée;
il sait mieux que moi son avenir.
Il n'arrive peut-être
pas d'événements inutiles...

GENEVIÈVE
Il a toujours été si
prudent, si grave et si ferme...
Depuis la mort de sa femme
il ne vivait plus que
pour son fils,
le petit Yniold.
Il a tout oublié...
Qu'allons-nous faire?

(Pelléas entre)

ARKEL
Qui est-ce qui entre là?

GENEVIÈVE
C'est Pelléas.
Il a pleuré.

ARKEL
Est-ce toi, Pelléas?
Viens un peu plus près,
que je te voie dans la lumière.

PELLÉAS
Grand-père, j'ai reçu,
en même temps que
la lettre de mon frère,
une autre lettre;
une lettre de mon ami Marcellus...
Il va mourir et il m'appelle...
Il dit qu'il sait exactement
le jour où la mort doit venir...
Il me dit que je puis
arriver avant elle
si je veux, mais qu'il
n'y a pas de temps à perdre.

ARKEL
Il faudrait attendre
quelque temps cependant...
Nous ne savons pas ce
que le retour de ton
frère nous prépare.
Et d'ailleurs ton père
n'est il pas ici,
au-dessus de nous,
plus malade peut-être
que ton ami...
Pourras-tu choisir
entre le père et l'ami?...

(Il sort)

GENEVIÈVE
Aie soin d'allumer
la lampe dès ce soir, Pelléas.

(Ils sortent séparément)


------------------------

Escena 2

(Un aposento en el castillo)

GENEVIÈVE
Esto es lo que le escribió
a su hermano Pelléas:

(Con moderación)

«Una tarde la encontré,
bañada en lágrimas,
al borde de una fuente,
en el bosque en el que
yo me había perdido.
No sé su edad ni quién es,
ni de dónde viene,
y no me atrevo a interrogarla,
porque debe haber pasado
mucho miedo,
y cuando se le pregunta
qué le ha sucedido,
repentinamente comienza
a llorar como un niño,
y balbucea entre sollozos

(Con voz contenida)

con una voz tan ahogada
que da miedo.
Ahora ya hace seis
meses que nos casamos,
y no sé más de ella
que el día de nuestro
primer encuentro.
Mientras tanto, querido Pelléas,
a quien amo más
que a un hermano,
aunque no hayamos nacido
del mismo padre,
mientras tanto,
prepara mi regreso...

(Con una emoción contenida)

Sé que mi madre me
perdonará de buen grado.
Pero tengo miedo de Arkel,
a pesar de toda su bondad.
Sin embargo,
si él acepta recibirla,
como recibiría
a su propia hija,
el tercer día después
de haber recibido esta carta
enciende una lámpara
en lo alto de la torre
que mira hacia el mar.
Yo la divisaré desde
el puente de nuestro barco;
si no, me iré lejos
y no regresaré más...»
¿Qué dices a esto?

ARKEL
No tengo nada que decir.
Esto nos puede parecer extraño,
porque solamente vemos
el reverso del destino,
incluso del nuestro...
Hasta ahora él siempre
siguió mis consejos;
creí haberlo hecho feliz
enviándolo a pedir la mano
de la princesa Úrsula...
No podía quedarse solo
y desde la muerte
de su esposa
estaba triste
en su soledad.
Ese matrimonio
iba a poner fin
a las perennes guerras
y viejos odios...
No lo ha querido así.

(Con gran emoción)

Que sea como él lo ha querido:
nunca me he opuesto a un destino;
él conoce su porvenir
mejor que yo.
Quizá nada de lo que
sucede es insignificante...

GENEVIÈVE
Él siempre ha sido tan
prudente, tan serio y decidido...
Desde la muerte de su mujer
no vivió más
que para su hijo,
el pequeño Yniold.
Ha olvidado el pasado...
¿Qué le vamos a hacer ?

(Entra Pelléas)

ARKEL
¿Quién viene?

GENEVIÈVE
Es Pelléas.
Ha estado llorando.

ARKEL
¿Eres tú, Pelléas?
Ven un poco más cerca,
que pueda verte a la luz.

PELLÉAS
Abuelo, al mismo tiempo
que la carta de mi hermano,
he recibido otra carta;
una carta
de mi amigo Marcellus...
Se está muriendo y me llama...
Dice que él sabe
exactamente el día
en que la muerte ha de venir...
Me dice que, si quiero,
todavía puedo llegar antes,
pero que no hay tiempo que perder.

ARKEL
No obstante,
habría que esperar
un poco más...
No sabemos qué nos deparará
el regreso de tu hermano.
Además, tu padre no está
a nuestro lado,
allí arriba,
y quizá más enfermo
que tu amigo...
¿Podrías elegir entre
tu padre y un amigo?...

(Sale)

GENEVIÈVE
Asegúrate de encender
la lámpara esta noche, Pelléas.

(Salen separadamente)


</center>


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Gino escribió:
El primer Acto de estos "Hugonotes" es una de esas ocasiones donde G. se pasa de fantasmón, cantando con todo el volumen del que era capaz y ensanchando a tope el registro central. Está demasiado estentóreo en el "Piff paff" y creo que en otro momento incluso se le abre un agudo con ese efecto rugido tan feo al que de vez en cuando era aficionado ("Ooooaaaaaarrrr")

Quede claro que estoy yo ahí y me muero de gusto.

Por cierto, cómo está Cossotto en su aria de salida. Para comérsela. En realidad, todas las señoras a un nivel estratosférico.


Completamente de acuerdo, Gino. Ghiaurov "bufonéa" en exceso aquí. Cuando no tenía una línea de canto perfectamente definida, como en Verdi, tendía a introducir caprichosos efectos, que afean sus logros. Eso no sucede en el estudio con Downes, afortunadamente.

Y sí, las señoras en esos Hugonotes están, todas, sin excepción, a un nivel máximo. Pero vamos...el que rompe la Scala es Corelli, eh.


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NotaPublicado: 16 Sep 2008 14:11 
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Jar Jar Binks
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Más interesante el monólogo del IV Acto, no? :wink:

Pues yo veo a Ghiaurov un poco perdido con el idioma y el fraseo :? Su dicción en francés es clara, lo que no significa, como he dicho muchas veces, que su pronunciación y su atención al ritmo de la lengua sea buena. Aún así es digno de elogio que cantara un papel tan bonito, de esa obra maestra que es Pelleas. Un lujo :D


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