Vamos con dos catas más a este Arkel de Ghiaurov, más interesantes que esa primera intervención que veíamos. Se trata, esta vez, del monólogo del cuarto acto y del final de la ópera, el final del quinto acto. He tenido que reducir la calidad del audio para poderlo subir al box. Si alguien lo quiere en calidad original, que silbe.
<center>[url=http://www.box.net/shared/3lgl9io62u]Escuchamos el monólogo de Arkel y la escena siguiente:
[/url]
Scène 2
(Entre Arkel)
ARKEL Maintenant que le père de Pelléas est sauvé et que la maladie, la vieille servante de la mort, a quitté le château, un peu de joie et un peu de soleil vont enfin rentrer dans la maison. Il était temps! Car depuis ta venue, on n'a vécu ici qu'en chuchotant autour d'une chambre fermée... Et vraiment, j'avais pitié de toi, Mélisande... Je t'observais, tu étais là, insouciante peut-être, mais avec l'air étrange et égaré de quelqu'un qui attendrait toujours un grand malheur, au soleil, dans un beau jardin... Je ne puis pas expliquer... Mais j'étais triste de te voir ainsi, car tu es trop jeune et trop belle pour vivre déjà jour et nuit sous l'haleine de la mort... Mais à présent tout cela va changer. A mon âge, et c'est peut-être là le fruit le plus sûr de ma vie, à mon âge, j'ai acquis je ne sais quelle foi à la fidélité des événements, et j'ai toujours vu que tout être jeune et beau créait autour de lui des événements jeunes, beaux et heureux... Et c'est toi, maintenant, qui vas ouvrir la porte à l'ère nouvelle que j'entrevois... Viens ici; pourquoi restes-tu là sans répondre et sans lever les yeux? Je ne t'ai embrassée qu'une seule fois jusqu'ici, le jour de ta venue; et cependant les vieillards ont besoin quelquefois, de toucher de leurs lèvres le front d'une femme ou la joue d'un enfant, pour croire encore à la fraîcheur de la vie et éloigner un moment les menaces de la mort. As-tu peur de mes vieilles lèvres? Comme j'avais pitié de toi ces mois-ci!...
MÉLISANDE Grand-père, je n'étais pas malheureuse.
ARKEL Laisse-moi te regarder ainsi, de tout près, un moment!... On a tant besoin de beauté aux côtés de la mort...
(Entre Goulaud)
GOLAUD Pelléas part ce soir.
ARKEL Tu as du sang sur le front. Qu'as-tu fait?
GOLAUD Rien, rien... J'ai passé au travers d'une haie d'épines...
MÉLISANDE Baissez un peu la tête, seigneur... Je vais essuyer votre front...
GOLAUD Je ne veux pas que tu me touches, entends-tu? Va-t'en! Je ne te parle pas. Où est mon épée? Je venais chercher mon épée...
MÉLISANDE Ici, sur le prie-Dieu.
GOLAUD Apporte-la.
(À Arkel)
On vient encore de trouver un paysan mort de faim, le long de la mer. On dirait qu'ils tiennent tous à mourir sous nos yeux.
(À Mélisande)
Eh bien, mon épée? Pourquoi tremblez-vous ainsi? Je ne vais pas vous tuer. Je voulais simplement examiner la lame. Je n'emploie pas l'épée à ces usages. Pourquoi m'examinez-vous comme un pauvre? Je ne viens pas vous demander l'aumône. Vous espérez voir quelque chose dans mes yeux, sans que je voie quelque chose dans les vôtres? Croyez-vous que je sache quelque chose?
(À Arkel)
Voyez-vous ces grands yeux... On dirait qu'ils sont fiers d'être riches...
ARKEL Je n'y vois qu'une grande innocence...
GOLAUD Une grande innocence!... Ils sont plus grands que l'innocence!... Ils sont plus pures que les yeux d'un agneau... Ils donneraient à Dieu des leçons d'innocence! Une grande innocence! Ecoutez; j'en suis si près que je sens la fraîcheur de leurs cils quand ils clignent; et cependant, je suis moins loin des grands secrets de l'autre monde que du plus petit secret de ces yeux!... Une grande innocence!... Plus que de l'innocence! On dirait que les anges du ciel y célèbrent sans cesse un baptême!... Je les connais ces yeux! Je les ai vus à l'oeuvre! Fermez-les! Fermez-les! Ou je vais les fermer pour longtemps!... Ne mettez pas ainsi votre main à la gorge; je dis une chose très simple... Je n'ai pas d'arrière-pensée... Si j'avais une arrière-pensée, pourquoi ne la dirais-je pas?
Ah! ah! ne tâchez pas de fuir! Ici! Donnez-moi cette main! Ah! vos mains sont trop chaudes... Allez-vous-en! Votre chair me dégoûte!... Allez-vous-en! Il ne s'agit plus de fuir à présent!
(Il la saisit par les cheveux)
Vous allez me suivre à genoux! A genoux! A genoux devant moi! Ah! ah! vos longs cheveux servent enfin à quelque chose!... A droite et puis à gauche! A gauche et puis à droite! Absalon! Absalon! En avant! en arrière! Jusqu'à terre! jusqu'à terre... Vous voyez. Vous voyez; je ris déjà comme un vieillard... Ah! ah! ah!
ARKEL (accourant) Golaud!
GOLAUD (affectant une calme soudain) Vous ferez comme il vous plaira, voyez-vous. Je n'attache aucune importance à cela. Je suis trop vieux; et puis, je ne suis pas un espion. J'attendrai le hasard; et alors... Oh! alors!... Simplement parce que c'est l'usage; simplement parce que c'est l'usage.
(Il sort)
ARKEL Qu'a-t'il donc? Il est ivre?
MÉLISANDE (en larmes) Non, non, mais il ne m'aime plus... Je ne suis pas heureuse...
ARKEL Si j'étais Dieu, j'aurais pitié du coeur des hommes...
[url=http://www.box.net/shared/5dxxnd8cu7]Escuchamos el final del quinto acto :
Attention...Attention[/url]
ARKEL Attention...Attention... Il faut parler à voix basse, maintenant. Il ne faut plus l'inquiéter... L'âme humaine est très silencieuse. L'âme humaine aime à s'en aller seule... Elle souffre si timidement. Mais la tristesse, Golaud... Mais la tristesse de tout ce que l'on voit... Oh! oh!
(En ce moment toutes les servantes tombent subitement à genoux au fond de la chambre)
Qu'y-a-t'il?
LE MÉDECIN (s'approchant du lit et tâtant le corps) Elles ont raison...
ARKEL Je n'ai rien vu. Etes-vous sûr?...
LE MÉDECIN Oui, oui.
ARKEL Je n'ai rien entendu... Si vite, si vite... Elle s'en va sans rien dire...
GOLAUD (sanglotant) Oh! oh!
ARKEL Ne restez pas ici, Golaud... Il lui faut le silence, maintenant. Venez, venez... C'est terrible, mais ce n'est pas votre faute... C'était un petit être si tranquille, si timide et si silencieux... C'était un pauvre petit être mystérieux comme tout le monde... Elle est là comme si elle était la grande soeur de son enfant... Venez... Il ne faut pas que l'enfant reste ici dans cette chambre... Il faut qu'il vive, maintenant, à sa place... C'est au tour de la pauvre petite.
</center>
|