<center>
</center>
Vamos con el Acto II, que transcurre en Trípoli.
Empezamos con el libreto:
Francés
Un jardin dans l'enceinte de la Citadelle ou réside les comtes de TRIPOLI.
Clémence est sur un promontoire. Elle cherche à discerner quelque chose, au loin, du côté de la mer, et lorsque le Pèlerin passe non loin de là, elle l'interpelle.
Clémence
Homme de bien, dites-mois!
Le Pèlerin
Est-ce moi que vous appelez, Comtesse?
Clémence
Ce bateau qui a accosté tout à l'heure, Sauriez-vous d'ou il vient?
Le Pèlerin
J'étais sur ce bateau, noble dame Et je venais justement à la Citadelle Souhaiter longue vie au comte votre frère, Et aussi à vous-même. Nous avions embarqué à Marseille.
Clémence
Et avant Marseille, Pèlerin D'ou étiez-vous parti?
Le Pèlerin
De Blaye, Aquitaine, un petit bourg Vous ne devez pas le connaitre...
Clémence
Votre pays a-t-il mérité Que vous l'abandonniez ainsi? Vous a-t-il affamé? Vous a-t-il humilié? Vous a-t-il chassé?
Le Pèlerin
Rien de tout cela Comtesse. J'y ai laissé les êtres les plus chers Mais il fallait que je parte outremer Que j'aille contempler de mes yeux Ce que l'Orient renferme de plus étrange, Constantinople, Babylone, Antioche, Les océans de sable, Les rivières de braise, Les arbres qui pleurent des larmes d'encens, Les lions dans les montagnes d'Anatolie Et les demeurs des Titans (un temps) Et il fallait surtout surtout Que je connaisse la Terre Sainte.
Clémence
Tant de gens qui rêvent de venir en Orient, Et mois qui rêve d'en partir. A l'âge de cinq ans j'ai quitté Toulouse, Et depuis, rien ne m'a consolée. Chaque bateau qui s'éloigne me donne le sentiment d'avoir été abandonnée.
Le Pèlerin
Tripoli est à vous, pourtant, ele appartient à votre noble famille. Et ce pays est maintenant le vôtre. C'est ici que sont enterrés vos parents.
Clémence
Ce pays est à moi? Peut-être. Mais moi, je ne suis pas à lui. J'ai les pieds dans les herbes d'ici, mais toutes mes pensées gambadent dans les herbes lointaines. Nous rêvons d'outremer l'un et l'autre, mais votre outremer est ici, Pèlerin, et le mien est là-bas. Mon outremer à moi est du côté de Toulouse ou résonnent toujours les appels de ma mère et mes rires d'enfant. Je me souviens encore d'avoir couru pieds nus dans un chemin de pierre à la poursuite d'un chat. Le chat était jeune, il est peut-être encore en vie, et se souvient de moi. Non, il doit être mort, ou bien il m'a oubliée comme m'a oubliée les pierres du chemin. Je me souviens encore de mon enfance mais rien dans le monde de mon enfance ne se souvient de moi. Le pays ou je suis née respire encore en moi, mais pour lui je suis morte.Que je serais heureuse si un seul muret, si un seul arbre, se rappelait de moi.
Le Pèlerin
Un homme pense à vous.
Clémence
Qu'avez-vous dit?
Le Pèlerin
Un homme pense à vous quelquefois.
Clémence
Quel homme ?
Le Pèlerin
Un troubadour.
Clémence
Un troubadour? Quel est son nom?
Le Pèlerin
On l'appelle Jaufré Rudel. Il est également prince de Blaye.
Clémence
Jaufré.. Rudel... Il m'aurait sans doute aperçue jadis lorsque j'étais enfant..
Le Pèlerin
Non, il ne vous a jamais vue.. parait-il.
Clémence
Mais alors comment pourrait-il me connaitre?
Le Pèlerin
Un voyageur lui a dit un jour que vous étiez Belle sans l'arrogance de la beauté, Noble sans l'arrogance de la noblesse, Pieuse sans l'arrogance de la piété. Depuis, il pense à vous sans cesse.. parait-il.
Clémence
Et il parle de mois dans ses chansons?
Le Pèlerin
Il ne chante plus acune autre dame.
Clémence
Et il.. il mentionne mon nom, dans ses chansons?
Le Pèlerin
Non, mais ceux qui l'écoutent savent qu'il parle de vous.
Clémence
De mois? Mais de qel droit parle-t-il de moi?
Le Pèlerin
C'est à vous que Dieu a donné la beauté, Comtesse, Mais pour les yeux des autres.
Clémence
Et que dit ce troubadour?
Le Pèlerin
Ce que disent tous les poètes, que vous êtes belle et qu'il vous aime.
Clémence
Mais de quel droit, Seigneur, de quel droit?
Le Pèlerin
Rien ne vous oblige à l'aimer, Comtesse, Mais vous ne pouvez empêcher qu'il vous aime de loin. Il dit d'ailleurs dans ses chansons Que vous êtes l'étoile lointaine, Et qu'il languit de vous sans espoir de retour.
Clémence
Et que dit-il d'autre?
Le Pèlerin
Je n'ai pas bonne mémoire.. Il y a cependant Une chanson qui dit à peu près ceci: "Jamais d'amour je ne jouirai Si je ne jouis de cet amour de loin Car plus noble et meilleure je ne connais En aucun lieu ni près ni loin Sa valeur est si grande et si vraie Que là-bas, au royaume des Sarrasins Pour elle, je voudrais être captif."
Clémence
Ah Seigneur, et c'est moi qui l'inspire
Le Pèlerin
Je tiens Notre Seigneur pour vrai Par qui je verrai l'amour de loin Mais pour un bien qui m'en échoit J'ai deux maux, car elle est si loin Ah que je voudrais être là-bas en pèlerin Afin que mon bâton et mon esclavine Soient contemplés par ses yeux si beaux.
Clémence
Vous rappelez-vous d'autres vers encore?
Le Pèlerin
Il dit vrai celui qui me dit avide Et désirant l'amour de loin Car aucune joie ne me plairat autant Que de jouir de cet amour de loin Mais ce que je veux m'est dénié Ainsi m'a doté mon parrain Que j'aime et ne suis pas aim... Et il dit bien d'autres choses encore dont je ne me souviens plus...
Clémence
Si vous voyez un jour cet homme, dites-lui.. dites-lui...
Le Pèlerin
Que devrai-je lui dire?
Clémence
Non, rien, ne lui dites rien.
==============================================
==============================================
==============================================
Español
Un jardin en el corazón de la Ciudadela, donde viven los condes de Tripoli
Clémence esta sobre un promontorio. Busca algo a lo lejos, hacia el mar y cuando el Peregrino pasa junto a ella, le llama
Clémence
Buen hombre, contadme
El Peregrino
¿Me llamáis, Condesa?
Clémence
El barco que acaba de tocar tierra, ¿sabéis de donde viene?
El Peregrino
Iba a bordo de ese barco, noble dama. Y vengo a la Ciudadela a desear a vuestro hermano, el Conde, una larga vida. También a vos. Embarcamos en Marsella.
Clémence
Y antes de Marsella, Peregrino, ¿de donde partisteis?
El Peregrino
De Blaye, en Aquitania, una pequeña ciudad que seguramente no conocéis
Clémence
¿Merece vuestra tierra que la abondonéis así?. ¿Os mata de hambre?, ¿Os humilla?, ¿Os persigue?
El Peregrino
Nada de eso, Condesa. Detrás quedaron mis seres más queridos. Pero debía cruzar el mar para ver con mis ojos las extrañas vistas que encierra Oriente, Constantinopla, Babilonia, Antioquía, los oceanos de arena, los ríos de ceniza, los árboles que lloran lágrimas de incienso, los leones en las montañas de Anatolia y las moradas de los Titanes... Y, sobre todo, sobre todas las cosas, debía contemplar Tierra Santa.
Clémence
Tantas personas sueñan con venir a Oriente. Y yo sueño con abandonarlo. A la edad de cinco años dejé Tolosa y, desde entonces, nada me consuela. Cada barco que se aleja me hace sentir abandonada.
El Peregrino
Tripoli es vuestro, sin embargo, pertenece a vuestra noble familia. Y este país es ahora el vuestro. Aquí están enterrados vuestros padres
Clémence
¿Esta país es mio?. Tal vez, pero no pertenezco a este lugar. Mis pies pisan su hierba pero mis pensamientos brincan sobre hierbas lejanas. Ambos soñamos con cruzar el mar, pero vuestra ultramar esta aquí, Peregrino, y la mía, allá. Mi ultramar se encuentra junta a Tolosa donde resuenan la voz de mi madre y mis risas de niña.Recuerdo como corría descalza sobre un camino de piedra detrás de un gato. Era un cachorro, tal vez todavía viva y se acuerde de mí. No, debe estar muerto, o me ha olvidado, como me han olvidado las piedras del camino. Aún recuerdo mi infancia, pero el mundo de mii infancia no se acuerda de mí. Mi país nativo todavía respira en mí, pero estoy muerta para él. Que feliz sería si un solo muro, un solo árbol, me recordara.
El Peregrino
Un hombre piensa en vos.
Clémence
¿Que decís?
El Peregrino
Un hombre piensa a veces en vos
Clémence
¿Qué hombre?
El Peregrino
Un trovador
Clémence
¿Un trovador?, ¿cómo se llama?
El Peregrino
Se llama Jaufré Rudel, y es el príncipe de Blaye
Clémence
Jaufré. Rudel. Sin duda me vió entonces, cuando era una niña...
El Peregrino
No, parece que jamás os ha visto
Clémence
Entonces, ¿cómo puede conocerme?
El Peregrino
Un viajero le dijo un día que eráis bella sin la arrogancia de la belleza, noble sin la arrogancia de la nobleza, piadosa sin la arrogancia de la piedad. Desde entonces, piensa en vos sin cesar, según parece...
Clémence
¿Habla de mí en sus canciones?
El Peregrino
No canta ya de ninguna otra dama
Clémence
Entonces, ¿menciona mi nombre en sus canciones?
El Peregrino
No, pero los que le escuchan saben que habla de vos
Clémence
¿De mi?, ¿Con que derecho habla de mí?
El Peregrino
A vos os ha regalado Dios la belleza, Condesa, pero para los ojos de otros....
Clémence
¿Y qué dice ese trovador?
El Peregrino
Lo que dicen todos los poetas, que sois bella y que os ama
Clémence
Pero, ¿con qué derecho, Señor, con qué derecho?
El Peregrino
Nada os obliga a amarlo, Condesa, pero no podéis impedir que os ame en la distancia. En verdad, dice en sus canciones que sois una estrella lejana, y que languidece por vos sin esperanza que le correspondáis
Clémence
¿Y qué más dice?
El Peregrino
No tengo buena memoria... Sin embargo hay una canción que dice algo como: "Nunca gozaré del amor, si no gozo de este amor lejano, pues no conozco uno más noble ni mejor, en ningún lugar ni cercano ni lejano, su valor es tan grande y verdadero que allí, en el reino de los sarracenos, por ella, quisiera estar cautivo".
Clémence
Ah, Señor, yo soy quien le inspira
El Peregrino
Que Nuestro Señor sea testigo que veré a mi amor lejano, pero este bien que ma ha caído en suerte, dobla mi desgracia, pues ella está tan lejos. Ah, ojalá estuviera allí, como un peregrino, para que mi bastón y mi esclavina sean contemplados por unos ojos tan bellos
Clémence
¿Recordáis otros versos?
El Peregrino
Dice verdad quien me llama ávido, y deseando el amor lejano. Pues ninguna alegría me complacería tanto como gozar del amor lejano. Pero lo que deseo se me niega, así me dotó mi padrino, que amé y no sea amado.... Y dice también otras cosas que no recuerdo.
Clémence
Si veís a este hombre un día, decidle, decidle...
El Peregrino
¿qué debo decirle?
Clémence
No, nada, no le digáis nada
--------------------------------------------------------------------------------
El segundo acto empieza con una breve introducción orquestal con el apoyo del coro, donde lo más destacado es la intervención de los clarinetes, en cinco fases y con líneas similares, pero opuestas, que van coloreando la pieza.
Mientras la orquesta toca el acorde del Perégrino, empieza la conversación entre éste y Clémence. En las intervenciones de la Condesa se escuchan los violines y el arpa que irán asociados al personaje. Tras preguntar Clémence sobre las razones por las que el Peregrino ha abandonado su tierra, comienza un bello dueto, un pasaje de gran lirismo, donde el Peregrino comienza una larga línea descendente punteada por las intervenciones de Clémence. Cuando la Condesa canta sobre Toulouse, su ciudad natal, escuchamos de nuevo los violines y grabaciones electrónicas de suspiros y campanas. El Peregrino menciona la existencia de Jaufré, y escuchamos su acorde, Clémence se indigna junto a la orquesta, en un
tutti que suena agresivo, casi violento.
Cuando Clémence le pide al Peregrino que le cuente las palabras que usa Jaufré para referirse a ella, Saariaho usa una de las chansons de Rudel,
Lanqan li jorn son lonc en mai, en francés, en lugar del occitano original. El Peregrino canta tres estrofas, separadas por interjecciones de Clémence. La melodía es modal, pero notemos como la orquestación y la armonía son más complejas conforme avanza la chanson. La parte electrónica, con sonidos de viento, susurros, el mar.... añade un componente medieval, un ambiente casi de catedral. Por otro lado, el Peregrino es incapaz de transmitir correctamente los versos de Jaufré: los canta en francés (en el Acto IV, escucharemos a Clémence cantarlos en occitano), dando la impresión que sólo el trovador y la Condesa comparten el verdadero secreto de su amor. El acto termina con Clémence preguntándose si será digna de inspirar tal devoción, de nuevo con el arpa al fondo.
Escuchamos la versión de Salonen, con Dawn Upshaw y Monica Groop:
Saariaho-Acto II